pour approfondir
le vivant
Au cœur des défis pédagogiques pour une humanité responsable et consciente de sa place au sein d'une nature sœur et mère nourricière à reconnaître et respecter, se trouve la nécessité de cultiver la conscience de notre lien vivant avec la nature en interdépendance. Un contact soigné avec la nature permet de ressentir notre lien avec elle. Ce ressenti est le garant d'une conscience écologique naturelle. Le soin régulier d'un jardin par les enfants est déjà une occasion privilégiée de développer une conscience de leur union avec la nature.
Au delà c'est l'abord de chaque domaine humain qui peut être ressenti comme vivant et inséré dans un environnement vivant. Tout peut être mis en lien avec ce qui vit dans la nature et avec l'humain, même les matières les plus abstraites comme les mathématiques. Étudier ces matières en lien avec l'expérience humaine et la vie dans la nature leur procure un sens, qui à la fois stimule et relie les matières entre elles, met en lumière leur nature holistique.
Par ailleurs la vie d'un phénomène, d'un processus, de toute réalité observable, se ressent particulièrement par l'élaboration d'une image intérieure chez l'enfant qui s'approprie ainsi fortement ce qu'il observe, perçoit, éprouve. Cette construction d'images intérieures par l'enfant est nourrie par diverses perceptions sensibles suscitées de l'extérieur (récits, images visibles, sonorités, odeurs…). Ainsi les sentiments qui y sont liés apportent un impact de mémorisation et une souplesse dans l'élaboration des concepts.
De la main à la tête par le coeur
Toute motivation est issue d'un mouvement, d'une expérience qui procure tout une palette de sentiments s'y rattachant.
De l'action, la volonté, l'expérience, naît l'émotion, le sentiment. Chaque émotion ou découverte, motive la poursuite de l'expérience dans un approfondissement, la variété et la profusion. Cette richesse donne des points de vue multiples qui réunis, peuvent amener naturellement à des compréhensions, découlant sur des connaissances que l'on désire garder.
Des émotions naissent ainsi des pensées rassemblant la richesse des données vécues, reconnues. Ces pensées reconnaissent alors naturellement des connaissances dignes d'être conservées.
Le processus, se déployant à la fois chaque jour et tout au long de la période, est comme une respiration multiple, avec différentes longueurs d'ondes se chevauchant. L'art du pédagogue consiste à les composer avec les enfants en écoutant et ressentant les rythmes qu'ils manifestent par leurs gestes, leur dynamisme, leurs paroles et remarques constamment offertes.
Tout processus d'apprentissage, d'intégration, comme la mémorisation ou l'acquisition de capacités d'habileté, utilise l'alternance entre une intensification (inspir) et un relâchement, une pause (expir).
L'intensification est permise au moment des périodes. Le relâchement se trouve dans la pause entre les périodes d'un même domaine.
De la globalité vers le détail, pour revenir à la globalité magnifiée
Dans une activité comme une randonnée en montagne on s'approche de la montagne, on la contemple, on est impressionné par sa majesté et ses mystères pressentis, c'est le sens de notre initiative, on a envie de la connaître, de la découvrir. Puis on la gravit, pas à pas on parcourt le chemin qui mène au sommet, en voyant et découvrant pleins de petits détails sur le chemin et aux abords que l'on ne voyait pas d'en bas. Au sommet on contemple de nouveau la montagne traversée, le regard est de nouveau large, embrassant la globalité, enrichie par les découvertes réalisées sur le chemin, les mystères sont quelque peu dévoilés, la beauté est transformée, magnifiée par plus de conscience. Mais cette conscience dévoile d'autres mystères nouvellement pressentis et à explorer encore… Nous sommes prêts pour de nouveaux tours d'horizon.
paysage pyrénéen en Ariège
Chaque découverte dans la vie, chaque apprentissage, est un peu comme la randonnée en montagne. On regarde d'abord une globalité, une vue synthétique, souvent diffuse, mais qui donne envie d'être découverte plus en profondeur, c'est le sens de notre exploration. Puis on explore, on décortique, on analyse et découvre pleins de détails. Enfin, le processus avancé, on peut enfin de nouveau regarder le tout en en connaissant et comprenant ses diverses subtilités.
Ainsi ce processus est un fil conducteur pour aborder maints apprentissages. Rien ne sert d'analyser un poème ou une musique si l'on ne l'a pas entendu intégralement auparavant. Après l'analyse la deuxième ou dernière écoute est alors enrichie, plus fine. Toute exploration dans le détail est motivée par un premier aperçu dans sa globalité. Le dernier aperçu dans la globalité est un fruit plus ensoleillé.
la beauté
L'artistique est visé dans tout ce qui est présenté, y compris les domaines comme les mathématiques ou le français. La beauté perçue à travers une manière artistique de présenter, introduire ou poser, appelle naturellement des sentiments positifs, de la joie, de l'enthousiasme, du bien-être et de la motivation. Elle est un stimulant qui favorise la participation active et la mémorisation. Elle agit aussi inconsciemment favorablement sur la santé. L'harmonie apaise la respiration.
Ainsi la beauté doit être le plus possible présente autour des enfants, dans les bâtiments, la décoration, par la nature, mais aussi dans les domaines pratiqués, les paroles, les images, les livres, les cahiers, l'écriture, les gestes, l'art en général… Elle induit et inspire le soin et la bienveillance. L'école ''Chante aurore'' vise une place maximale pour la beauté.
coopération et bienveillance
Nos habitudes ancestrales dans la société d'insinuer dans maints domaines un état d'esprit de compétition et de concurrence ont largement montré leurs nuisances et un vent de renouveau pour transmuer ces pratiques se fait de plus en plus ardemment désirer.
Ce nouvel état d'esprit passe en grande partie par de nouvelles habitudes insufflées par des rapports sociaux soignés dans le sens de la coopération et de la bienveillance qui permettent d’œuvrer ensemble dans un but commun de manière harmonieuse sans rivalité ni compétition.
L'école offre un large champ d'application de ces pratiques bienfaisantes, dans la manière d'organiser un ouvrage collectif, un projet, dans les jeux et les services…
La bienveillance peut notamment être vécue au sein de la communication. Nombres de techniques actuelles, comme la communication non violente, peuvent être très inspirantes pour soigner cette bienveillance. La concertation dans le respect de la liberté contribue au sentiment de bien-être.
écoute et communicativité
Le pilier principal de tous les liens sociaux est la communication. Elle agit comme un rayon lumineux, un vent purificateur de tout malentendu, un promoteur de conciliation, un stimulant de réconfort et une clef du respect, autant pour les enfants que les adultes.
Un enfant écouté avec attention et bienveillance se sent respecté et considéré, stimulé et encouragé dans sa participation verbale et gestuelle. Reconnaissant l'importance de l'écoute, il tend lui-même naturellement à écouter les autres, enfants et adultes.
La communication est en fait tout un art à cultiver, un soin à nourrir, souvent passant par la gestion des émotions. Apprendre à gérer la prise de parole et l'écoute retentit dans maints domaines de la vie, non seulement socialement mais aussi dans l'équilibre personnel entre émission et réception, entre la volonté et le lâcher-prise, entre donner et recevoir.
Par ailleurs la communication nourrie entre les divers accompagnants d'un enfant, parents, éducateurs, enseignants, met en évidence d'une manière rassurante le lien entre eux, base d'une coopération harmonieuse. Les divers échanges, dialogues, entre parents et enseignants, parents entre eux, enseignants entre eux, peuvent être favorablement soignés lors d'entretiens, réunions, débats...
créativité et positivité
Découvrir un monde riche et sans cesse modelable dans une multitude ou quasi infinité de probabilités procure un sentiment d'émerveillement face aux mystères du monde, qui rejaillit sainement sur le développement de l'enfant. Une confiance dans la fiabilité de ses perceptions et connaissances déductibles s'installe. La joie de créer, inventer et découvrir, amène de l'enthousiasme face à ce qu'il rencontre et explore, ainsi qu'une grande motivation pour avancer dans ses découvertes. Découvrir sa créativité procure aussi de la confiance en soi, en ses capacités et sa puissance.
Autant dans les activités proposées que dans l'environnement matériel aménagé pour l'exploration par les enfants, un large espace de créativité peut être suscité par de nombreux choix libres et une présentation souple et riche des possibilités à découvrir.
De même un regard positif sur les événements traversés et particulièrement le parcours d'apprentissage effectué par chaque enfant renforce cet ancrage dans la confiance en soi, la valorisation de chacun. Ne pas attendre de résultat, encourager chaque pas effectué et y voir le positif et le nouveau en appréciant chaque tentative comme un succès par lui-même, tout cela nourrit un climat de confiance et de satisfaction assurée.
adaptabilité, responsabilité et autonomie
La rapidité actuelle de mouvance dans notre société exige de chacun toujours plus de pouvoir s'adapter aux changements divers, notamment dans le domaine professionnel. Rendre les enfants capables de s'adapter facilement à toute nouvelle situation passe par des expériences variées où l'engagement concret de chacun est sollicité, stimulé en mettant en lumière les conséquences naturelles des comportements manifestés.
Ceci développe le sens de la responsabilité et à terme émancipe d'une trop forte dépendance de l'aide des autres, ce qui rend autonome, avec les sentiments de sécurité et de valorisation de soi qui y sont liés.
Chaque moment de créativité déployée contribue à développer toutes ces qualités.
le déroulement d'un cours de période
- phase dynamique, d'action, d'éveil du corps, par des mouvements corporels, du chant, des paroles rythmés. Durée de 15 à 30 minutes suivant les âges, les domaines et les circonstances du moment (saison, ambiance, événements…)
- phase de découverte dynamique du thème en cours, par l'action, l'expérience. Durée de 15 à 45 minutes.
- phase d'échanges sur les ressentis, les découvertes, les constatations, les réflexions puis les déductions et les récapitulations (5 à 20 minutes).
- phase d'intégration, de conservation par un moment sur un cahier personnel.
Au lieu d'utiliser des manuels scolaires, les enfants créent leur propre cahier qu'ils complètent régulièrement au fil des jours pendant ce moment du cours de période en écrivant des textes soit libres soit recopiés d'un tableau, en dessinant, faisant des schémas ou confections graphiques. Tout ceci représente l'essence de ce qui peut être intéressant à mémoriser. On retient mieux ce qu'on a soi-même écrit, dessiné, ou même prononcé à voix haute, la volonté, gage d'attention, étant plus engagée. Durée de 10 à 20 minutes.